La seule chose que l’on a à offrir
Quelques minutes avant d’animer un atelier sur la créativité, je m’assieds sur l’une des chaises du 1er rang. Une femme est assise pas loin, nous engageons la conversation et devisons quelques minutes, jusqu’à ce qu’elle comprenne que c’est moi l’intervenante :
- « Oh pardon, je vous laisse travailler ! »
- « Mais.. Je suis en train de travailler ! »
- « Ah bon ? »
- « Je suis présente, entièrement présente à vous et à notre discussion ; autant que je serai présente, dans quelques minutes, à ce qui va se jouer dans l’atelier dont on m’a confié la responsabilité. La présence à ce que je suis en train de faire est LE travail de ma vie d’humaine. »
Quelques minutes plus tard, la dame se lève et rejoint la salle où se tient l’atelier qu’elle a choisi. Je gagne lentement le centre de la pièce, où sont déjà installées plusieurs participantes que le thème de la créativité est venu chatouiller. Et je poursuis mon travail de présence à ce qui se présente.
Cela demande une vraie volonté de maintenir une qualité de présence. Je n’y arrive pas tout le temps, loin de là. Je pense aux nombreuses fois où mes filles veulent me parler et j’ai le nez devant un écran. Aux trajets de métro où je m’absorbe dans mon téléphone. Quand ces moments de « retrait du monde » se prolongent, j’ai la sensation de flouer les autres passagers de quelque chose – cette fameuse qualité de présence. De la même manière, alors que je suis en train d’écrire ce texte, j’ai besoin de me discipliner pour ne pas aller papillonner sur ma boîte e-mail. Je ramène mon esprit respectueusement et fermement à ce qu’il est en train de faire. C’est à ce prix que je fournis « mon meilleur jus » et non pas des petits bouts de pensée hachée.
Vous voyez bien que c’est un travail ! Je suis reconnaissante que mon métier d’aujourd’hui se construise sur le fil de cette présence.
Christie Vanbremeersch
Merci Christie de nous interpeler…